catholiques » ; « les uns ont tourné le dos à la justice ; les autres tournent le dos à la liberté » ; et « l’ébranlement des consciences dans les masses profondes de la nation ».
Cette lettre de Jonnart irrita vivement les modérés, comme fait presque toujours la vérité ; aussi refusèrent-ils de convenir de leurs erreurs et en commirent-ils de nouvelles.
On se souvient que Guérin avait reçu la consigne d’attendre dans son fort Chabrol la fin du procès de Rennes ; la condamnation ou l’acquittement de Dreyfus provoquerait quelque trouble dont il profiterait[1]. Aucun incident ne s’étant produit, il entama, par l’intermédiaire de Millevoye, des pourparlers avec le préfet de police, ne posant qu’une condition : que ses compagnons ne seraient pas inquiétés, et se rendit à un officier, à l’heure même où Dreyfus quittait Rennes (20 septembre). Ses compagnons se dispersèrent, « sans avoir fait acte de rébellion[2] », fort mécontents de lui et portés, pour la plupart, à le croire, contre toute vraisemblance, à la solde de la police.
L’instruction de « l’affaire Buffet, Déroulède, Guérin et autres » dura tout octobre.
Bérenger, le président de la Commission, fils de magistrat et lui-même ancien magistrat, avait toute sa vie été un modèle d’intégrité et d’honneur, poussant le scrupule de la légalité jusqu’à l’excès, s’il peut y avoir excès, en pareille matière, ne poussant pas moins loin celui de la liberté, d’esprit précis et ferme, naturellement grave et se plaisant à l’être, d’une indulgence raisonnée qui lui avait inspiré la loi fameuse du sursis, d’une grande sévérité de mœurs qui lui avait valu beau-