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LA REVISION


étant hostiles à nos institutions[1]. » Et encore : « Avez-vous vu la dernière promotion ? Si oui, je pense que vous devez être content, car les généraux, les colonels et les officiers supérieurs nommés sont presque tous républicains. Vous êtes pour beaucoup, mon cher ami, dans ce résultat, et nous ne saurions trop vous remercier[2]. » Il lui annonçait enfin un travail plus vaste « sur l’État-major tout entier », qui ne pouvait être « poursuivi utilement sans son concours[3] ». Aussi bien fallait-il se hâter, car il n’était pas certain qu’André « restât longtemps au pouvoir[4] ».

Bien que le général Percin, chef du cabinet d’André, fût lui-même en rapports avec Vadecard[5], il finit par s’inquiéter, avertit Waldeck-Rousseau[6], demanda s’il ne devait pas donner sa démission. Waldeck-Rousseau l’en dissuada, tout en lui recommandant de s’abstenir, pour son compte, de pratiques aussi détestables, puis prévint Combes de ce qu’il avait appris, l’avertit que, le jour où les procédés mis en vigueur par André seraient connus, « ils déchaîneraient de légitimes colères[7] ». Combes négligea l’avertissement, ou bien André eut vite fait de le rassurer, atteint de cette immoralité qui, trop souvent, vient aux hommes au pouvoir du pouvoir lui-même, de l’usage de la force[8].

  1. Lettre du 11 mars 1902.
  2. Lettre du 16 octobre 1901.
  3. Lettre du 11 mars 1902.
  4. Lettre du 4 mai 1902.
  5. Mollin, Ibid., 88 et 87, fac-similé de deux lettres de Percin à Vadecard.
  6. 24 décembre 1902.
  7. 30 décembre 1902. — Note de Waldeck-Rousseau. (Testament politique, 63 à 65.)
  8. Chambre des députés, séance du 4 novembre 1904, discours de Combes : « Il ne m’était resté de la conversation qu’un souvenir assez vague. » Il dit ensuite qu’il avait demandé