Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/408

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
398
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Mollin ne s’en tint pas là ; à l’insu d’André[1], il engagea avec Vadecard la correspondance la plus extraordinaire. Ainsi il lui communiqua des listes d’officiers « figurant déjà au tableau d’avancement[2] », de généraux de brigade et de division proposés, les uns pour le grade supérieur, les autres pour commandants de corps d’armée[3], d’officiers brevetés, « devant, par conséquent, être affectés à un service d’État-major », afin que Vadecard s’informât spécialement de chacun. « Les républicains auront satisfaction, les autres non » ; sur les notes de Vadecard, on fera avancer les uns et marquer le pas aux autres ; « on enverra dans les états-majors importants et agréables ceux qui seraient par hasard républicains », « pendant qu’on classera au contraire les autres dans des endroits comme Gap, Briançon et autres lieux de plaisance[4] ». Et, comme Vadecard, toujours « gratuitement », s’acquittait à merveille de la besogne, Mollin l’en remerciait avec effusion : « Je vous envoie, lui écrivait-il, deux listes dont l’une représente les officiers qui, ne réunissant pas les conditions d’ancienneté suffisantes pour être maintenus au tableau de concours pour la Légion d’honneur, l’ont été cependant grâce à leurs opinions républicaines qui nous ont été connues par vous ; et dont l’autre représente au contraire les officiers qui réunissaient toutes les conditions d’ancienneté et de notes militaires pour être maintenus, mais que nous avons éliminés parce que vous nous les avez signalés comme

  1. Mollin, loc. cit., 91. — Voir p. 403.
  2. Lettre du 31 octobre 1901, sur papier officiel, République française, Ministère de la Guerre, Cabinet du Ministre et timbre du Grand Orient, n° 9437 ; du 25 mars, des 6 et 15 avril 1902, etc.
  3. Lettre du 7 février 1902.
  4. Lettre du 8 mars 1902.