Mollin ne s’en tint pas là ; à l’insu d’André[1], il engagea avec Vadecard la correspondance la plus extraordinaire. Ainsi il lui communiqua des listes d’officiers « figurant déjà au tableau d’avancement[2] », de généraux de brigade et de division proposés, les uns pour le grade supérieur, les autres pour commandants de corps d’armée[3], d’officiers brevetés, « devant, par conséquent, être affectés à un service d’État-major », afin que Vadecard s’informât spécialement de chacun. « Les républicains auront satisfaction, les autres non » ; sur les notes de Vadecard, on fera avancer les uns et marquer le pas aux autres ; « on enverra dans les états-majors importants et agréables ceux qui seraient par hasard républicains », « pendant qu’on classera au contraire les autres dans des endroits comme Gap, Briançon et autres lieux de plaisance[4] ». Et, comme Vadecard, toujours « gratuitement », s’acquittait à merveille de la besogne, Mollin l’en remerciait avec effusion : « Je vous envoie, lui écrivait-il, deux listes dont l’une représente les officiers qui, ne réunissant pas les conditions d’ancienneté suffisantes pour être maintenus au tableau de concours pour la Légion d’honneur, l’ont été cependant grâce à leurs opinions républicaines qui nous ont été connues par vous ; et dont l’autre représente au contraire les officiers qui réunissaient toutes les conditions d’ancienneté et de notes militaires pour être maintenus, mais que nous avons éliminés parce que vous nous les avez signalés comme