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LA REVISION


amis, radicaux ou socialistes, de Doumer et ceux de Clemenceau qui s’étaient séparés de lui et le combattaient. Les uns lui reprochaient d’avoir méconnu l’esprit et, même, la lettre de la loi sur les associations qu’il eût fallu appliquer « dans un esprit d’apaisement et de justice » ; « il en avait fait une loi d’exclusion, quand elle était une loi de contrôle » ; après avoir repoussé la société religieuse dans ses frontières, il l’y avait poursuivie ; il n’a tenu compte ni du passé « auquel le présent tient encore par de profondes racines », ni de l’avenir, qui insensiblement modifie les choses ; il a arraché aux Chambres des lois dures dont le résultat est vain ou à peu près ; il a fermé dix mille écoles congréganistes, pour voir se rouvrir aussitôt cinq mille écoles libres, « où l’extérieur, l’apparence et le costume sont seuls changés, où les sentiments sont les mêmes » ; il ne sait pas vivre un jour « sur les idées qu’il s’est faites la veille », les sacrifie à la fraction la plus violente de sa majorité, à ses amis les plus impatients et, s’il se trouve quelqu’un d’assez hardi pour reprendre sa propre solution de la veille, il la dénonce comme une intrigue[1]. — Les autres, qui l’avaient suivi dans cette guerre à outrance contre les associations religieuses, lui faisaient grief de tout réduire « à cette âpre lutte contre les forces du passé » ; il ne poursuit que « les démolitions », ajourne sans fin « les constructions impatiemment attendues », « abandonne à d’autres le soin de résoudre les problèmes sociaux[2] », néglige pareillement tant d’autres questions urgentes, écono-

  1. Discours de Waldeck-Rousseau au Sénat, séances du 27 juin et du 20 novembre 1904,
  2. Discours de Millerand à la Chambre, séance du 17 mars 1904.
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