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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


voir, les jettent en avant dans une marche plus rapide et qui se précipite. Waldeck-Rousseau s’arrête ; tout le gros du parti républicain le dépasse. Combes, parfois, hésite ; Clemenceau le gourmande : « Vous vous êtes rué avec un grand bâton sur tout ce que vous avez rencontré devant vous et, assurément, vous avez fait un carnage. Pourtant, vous n’aurez rien fait tant que vous continuerez à entretenir de votre argent la guerre que l’Église poursuit contre la République[1]. » De loi en loi, de représailles en représailles, l’évolution politique s’accomplit, jusqu’à la sécularisation complète de l’État.

Parallèlement à l’évolution politique se poursuit l’évolution sociale. Elle est plus lente dans les lois ; les intérêts offrent plus de résistance que les principes ; la propriété compte plus de défenseurs que la liberté ; la majorité radicale, très bourgeoise, est plus conservatrice que beaucoup de conservateurs ; presque tous les députés socialistes ajournent leur programme, qui les rejetterait dans l’isolement, la théorie et l’opposition, alors qu’à prendre la tête du mouvement contre les partis d’Église, ils sont ou paraissent les maîtres du pouvoir et participent largement à ses avantages. — Pourtant, Waldeck-Rousseau, chez qui là préoccupation des questions ouvrières est héréditaire, Millerand, qu’il a près de lui, comme le symbole de l’alliance que travailleurs manuels et travailleurs de la pensée ont conclue, un jour, dans un commun élan vers la justice, réalisent des réformes partielles (décrets sur les conditions et accidents du travail, protection efficace du travail des femmes et des enfants, réduction de la journée de travail à dix heures pour

  1. Aurore du 7 septembre 1901.