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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


caines, mais à faire parfois usage d’une autre procédure et d’autres tactiques.

C’était, pour tout esprit équitable, l’évidence que Waldeck-Rousseau ne pouvait pas opérer, avec les impatientes milices qu’il lui avait fallu engager, à la place des vieilles troupes qui lui avaient faussé compagnie, comme il eût fait avec celles-ci, et sur un sol bouleversé par une nouvelle iniquité comme sur le ferme terrain de la justice.

Les journaux de droite n’arrêtaient pas de railler sa paradoxale tentative d’attacher les socialistes à une politique d’ordre ; le monde des affaires, sentant une main solide qui tenait les rênes, reprenait confiance.

Les travaux activement poussés de l’Exposition universelle qui doit ouvrir au printemps de 1900, la fierté qu’on ressent d’avance de cette nouvelle manifestation de notre génie artistique et industriel, la perspective de fêtes brillantes pendant plusieurs mois, l’attente d’un flot énorme d’étrangers qui dépenseront sans compter, aidèrent beaucoup à la détente des esprits. Fatigué d’émotions, on escomptait le plaisir et le gain. « Cette politique de l’Exposition », comme on l’appela, n’était pas très noble, mais ces sortes de réactions se sont toujours produites au lendemain des grandes fièvres publiques et elles font partie de l’hygiène nécessaire au rétablissement de la santé.

Enfin Waldeck-Rousseau arrêta la liste des projets qu’il soumettrait aux Chambres à la rentrée et par où la politique du Gouvernement serait définie et circonscrite[1]. La déclaration ministérielle, en juin, n’avait formulé aucun programme que « la défense républi-

  1. Chambre des députés, séance du 16 novembre 1899, discours de Waldeck-Rousseau.