Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
472
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


gie, l’épée et l’or, le dragon, l’oiseau de la forêt, le héros et le traître.

Sur l’écriture et le papier du bordereau : Le papier du bordereau, filigrané au canevas et quadrillé, et d’un usage peu commun dans le commerce, a été trouvé identique, par deux expertises, au papier pelure, filigrane et quadrillé, de deux lettres d’Esterhazy, reconnues authentiques, non par Esterhazy seulement, mais par les destinataires. L’écriture du bordereau a été formellement attribuée à Esterhazy par trois professeurs à l’École des Chartes. Esterhazy, à plusieurs reprises, s’en est déclaré l’auteur. Les principaux témoins à charge continuant à alléguer que le bordereau est un document truqué, forgé par Dreyfus, le système de Bertillon a été soumis à l’examen de trois membres de l’Académie des Sciences ; ces savants ont été unanimes à décider que « le système est dépourvu de toute valeur scientifique ».

Étant « acquis » ainsi « que le bordereau a été écrit par Esterhazy et non par Dreyfus, il est absurde manifestement de prétendre que « les pièces, dont il annonçait l’envoi, auraient été fournies par Dreyfus, bien qu’on n’allègue même pas qu’il ait connu Esterhazy ». Telle est cependant l’accusation, « Quelle que soit, dit-elle, l’écriture du bordereau, le texte seul implique un acte de trahison ; cette trahison est imputable à un officier d’artillerie ayant passé par les quatre bureaux de l’État-Major général, conséquemment stagiaire de deuxième année » ; ce stagiaire ne peut être que Dreyfus. « Il est donc indispensable de se prononcer à cet égard. »

Ballot-Beaupré donna lecture du bordereau.

Le bordereau n’étant pas daté, se terminant par ces mots : « Je vais partir en manœuvres… » et Dreyfus