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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


j’ai fait déposer au dossier la lettre que j’écrivais à mon ami Santupéry, ex-chef du cabinet du ministre garde des Sceaux (Justice), et dont je vous transcris plus haut les termes. J’y ai ajouté comment vous et moi, nous étions entrés en relations, combien vous aviez été aimable et obligeant à mon égard, notre dîner à l’hôtel « Zum Erbprinzen », où vous m’aviez offert gracieusement du cham pagne en compagnie du comte prussien, qui m’a dit, je crois, être le petit-fils de la princesse de Liéven et dont je ne me rappelle plus le nom, et d’un jeune capitaine de l’entourage de S. E. le comte de Schlieffen.

D’après Reinach, cette déposition aurait une très grande importance. Je ne sais pas si la Cour de cassation y attache une importance aussi grande. Cette juridiction est le plus haut tribunal de France ; elle peut agir directement, une fois saisie, si bon lui semble, même sur le gouvernement.

J’ai tenu, mon camarade, à vous mettre au courant, d’une façon détaillée, de cette affaire où il peut arriver que, bien malgré moi, vous soyez mêlé, afin que, si cela arrivait, vous n’en soyiez pas surpris et ayiez pu prendre vos mesures en conséquence.

Peut-être savez-vous que j’ai pris ma retraite, etc……


Péroz.

Bromberg, le 13 mai 1904,

Mon cher Camarade,

Votre aimable lettre m’est parvenue aujourd’hui par Graudenz, ancienne garnison de mon régiment. Je vous remercie bien de m’avoir mis au courant des événements relatés dans votre lettre ; je comprends parfaitement les circonstances qui vous ont contraint d’agir en faveur d’un innocent et injuré. C’était mon indignation à cause du jugement du conseil de guerre de Rennes, qui m’a traîné