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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Sur trois points particuliers que j’ai visés, il ne parle que de deux :

Le premier point concerne une nouvelle vérification comparative des papiers pelures qui ont servi au bordereau et aux lettres d’Esterhazy. Me  Mornard observe à se sujet un silence prudent et se garde bien de s’associer à ma demande d’enquête supplémentaire. Il paraît donc craindre que cette enquête aboutisse à un résultat contraire à l’identité des papiers proclamée en 1899.

Sur le second point, minute de la note du commandant Bayle, Me  Mornard répond à côté de la question, et les détails qu’il donne ne peuvent remplacer l’enquête que je demande. Celle-ci consisterait à confronter les officiers qui ont échoué dans la recherche du document avec ceux qui ont réussi à le trouver, et à reconnaître ainsi s’il n’y a pas eu machination, soit d’un côté, soit de l’autre.

Sur le troisième point, c’est-à-dire la date de ce que l’on a appelé la nuit historique, où fut en suspens la question de paix ou de guerre, et notamment sur le point de savoir si cette date fut antérieure ou postérieure au jugement de 1894, Me  Mornard devient précis et m’oppose une contradiction formelle.

Je m’empresse d’en prendre acte, et de déclarer à mon tour que je persiste absolument dans mes affirmations. Je m’engage à en faire la preuve et à éclairer à ce sujet la conscience de la Cour de cassation, par une confrontation des quatre personnes qui ont participé à cette soirée, c’est-à-dire :

M. Casimir-Perier, président de la République ;

M. Charles Dupuy, président du Conseil ;

M. le général Mercier, ministre de la Guerre ;

M. Revoil, représentant du ministère des Affaires étrangères.

Je demande donc cette confrontation, et j’ajoute que je considère, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire dans ma lettre du 6 juillet, qu’il est indispensable d’arriver à une conviction à ce sujet, si l’on veut pouvoir apprécier,