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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


1er  mars 1899, après avoir, dans la chambre du conseil, délibéré conformément à la loi.

Sur le moyen de revision pris de la falsification de la pièce n° 371 du dossier secret :

Attendu que parmi les pièces du dossier secret produites devant le conseil de guerre de Rennes, figurait, sous le n° 371, une lettre que le ministre de la Guerre Cavaignac, affirmant la culpabilité de Dreyfus, avait lue à la tribune de la Chambre des députés le 7 juillet 1898, la dite lettre écrite au crayon noir sur papier quadrillé blanc, adressée par l’agent B à un collaborateur de l’agent A et contenant ce membre de phrase : « Je vous prie de venir chez moi dans la matinée, car D m’a apporté beaucoup de choses très intéressantes ; et il faut partager le travail, ayant seulement dix jours de temps » ;

Attendu que l’initiale D paraissant recouvrir une autre initiale qui aurait été grattée ou effacée à la gomme, son authenticité avait fait l’objet, en 1899, d’expresses réserves devant la Chambre criminelle qui avait commis l’expert Bertillon pour procéder à l’examen du document ;

Que l’expert Bertillon y avait, en effet, reconnu un grattage ou gommage suivi de retouches, mais avait émis l’avis que sous l’initiale D se trouvait déjà un autre D ;

Attendu que, s’il en était ainsi, l’on ne pouvait s’expliquer ni dans quel but l’initiale avait subi cette altération, ni pourquoi, en décembre 1894, on s’était abstenu de soumettre la pièce 371 au conseil de guerre de Paris, alors qu’on lui communiquait d’autres documents secrets, notamment la pièce 25, dite : « Ce canaille de D… », qui fut également lue à la Chambre des députés le 7 juillet 1898, mais qui, plus tard, a été, après enquête, déclarée inapplicable à Dreyfus par l’arrêt des Chambres réunies du 3 juin 1899 ;

Attendu néanmoins que, devant le conseil de guerre de Rennes, il a été fait état contre l’accusé de la pièce 371 par le commissaire du gouvernement Carrière et par le général Mercier qui en a même tiré argument pour pré-