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APPENDICE


en lui livrant les notes et documents », mentionnés dans la lettre-missive du bordereau non datée, non signée, adressée à l’agent A et ainsi conçue ;

« Sans nouvelles m’indiquant que vous désirez me voir, je vous adresse, cependant, monsieur, quelques renseignements intéressants : 1° une note sur le frein hydraulique du 120 et la manière dont s’est conduite cette pièce ; 2° une note sur les troupes de couverture (quelques modifications seront apportées par le nouveau plan). ; 3° une note sur une modification aux formations de l’artillerie ; 4° une note relative à Madagascar ; 5° le projet de manuel de tir de l’artillerie de campagne (14 mars 1894) ;

« Ce dernier document est extrêmement difficile à se procurer ; et je ne puis l’avoir à ma disposition que très peu de jours. Le ministère de la Guerre en a envoyé un nombre fixe dans les corps et ces corps en sont responsables. Chaque officier détenteur doit remettre le sien après les manœuvres. Si donc vous voulez y prendre ce qui vous intéresse, et le tenir à ma disposition après, je le prendrai. À moins que vous ne vouliez que je le fasse copier in extenso et ne vous en adresse la copie. Je vais partir en manœuvres » ;

Attendu que, cette pièce non datée se terminant par les mots : « Je vais partir en manœuvres », et Dreyfus étant allé, non aux manœuvres de septembre, mais à un voyage d’état-major en juin, l’accusation en 1894 avait supposé que le bordereau devait être du mois d’avril ou mai, et que les pièces livrées étaient toutes antérieures à cette date ;

Attendu que, plus tard, à l’époque où l’on prévoyait que la revision du procès serait demandée, on s’aperçut que les documents, pour la livraison desquels Dreyfus avait été condamné, ne pouvaient sérieusement être considérés comme ayant un caractère confidentiel ou secret ; que, du reste, une note ministérielle du 28 mai 1898 déclarait : « Il n’y a pas un officier de l’armée française qui, parlant pour les écoles à feu ou pour un voyage d’état-major, dirait : « Je vais partir en manœuvres » ;