commun[1] », la commission s’ajourna sine die. Le gouvernement n’insista pas. L’illusion nous vint que nous aurions gain de cause, encore une fois, en dépit des obstacles accumulés et par la seule force de la raison. J’écrivis dans le Siècle[2] :
Ce nuage noir, qui menaçait d’envahir tout le ciel, de crever sur notre moisson de justice, fauchant les épis encore verts, à peine dorés, il s’éloigne, sous le vent, vers l’horizon… Quand le Dieu rémunérateur et vengeur disparaît du ciel, les religions sont mortes. Quand le juge rémunérateur et vengeur disparaîtra de la terre, ce sera la fin des sociétés civilisées… Il faut un exemple qui empêche, de longtemps, les Mercier de recommencer.
VIII
Mercier, avec son audace accoutumée, releva le défi, se porta candidat au Sénat. Si la proposition de le mettre en accusation est réveillée et adoptée, si la Chambre le renvoie devant la Haute-Cour, il comparaîtra devant elle comme sénateur.
Ni l’arrêt de Rennes, qui recondamnait l’innocent, ni le décret de grâce, qui condamnait les juges et les accusateurs de l’innocent, n’avaient troublé un instant l’extraordinaire placidité de Mercier. Pendant que Boisdeffre s’enterrait plus profondément dans son manoir et que Gonse geignait dans sa retraite de « demi-solde », Mercier restait invaincu et debout. On le rencontrait souvent dans les rues, toujours jeune d’allure, la