tête haute et droite, et qu’il redressait encore quand il se croisait avec quelque défenseur notoire de Dreyfus.
Apparemment, il y a des hommes qui sont dépourvus de conscience, comme d’autres du sens de l’odorat ou du toucher.
Barrès, par dilettantisme et perversité, Cavaignac, par sottise, d’autres, pour se justifier devant eux-mêmes, l’avaient adopté. À la mort de Chesnelong, quand son siège de sénateur inamovible échut au département de la Loire-Inférieure, les royalistes offrirent la candidature à Mercier. Ils y étaient maîtres de l’élection. Il eut l’air de se faire prier, posa ses conditions : « Sa candidature sera nationaliste ; elle restera placée en dehors et au-dessus des luttes habituelles des partis. » « Il ne connaît pas les préférences politiques » des délégués sénatoriaux et « il ne parlera pas des siennes » : « France, d’abord ; réunissons nos efforts pour arracher notre pays aux sans-patrie[1]. »
Les comités de Nantes, leur porte-paroles, le comte de Juigné, les descendants des Chouans, tous ces catholiques bretons d’une lignée ininterrompue de royalistes, passèrent par où il voulut, l’acceptèrent malgré son passé républicain[2] et ses attaches protestantes, parce qu’il était celui qui, sciemment, avait fait condamner par deux fois le Juif innocent. Ainsi l’ordonnait le prétendant. Son père n’était descendu qu’à Boulanger.
Quelques vieux orléanistes en ressentirent un peu de honte.
Mercier fut nommé par plus de 700 voix contre un