lérat a confessé son crime, fait des aveux complets. Tous les journaux le répètent[1] ; le fait est acquis.
Des fâcheux demanderont quel mobile a pu pousser au crime cet officier instruit, intelligent, riche. Est-il si riche ? La Libre Parole insinue qu’on exagère sa fortune. À l’en croire, d’ordinaire, les juifs détiennent tout l’or du monde ; mais Dreyfus jouit à peine d’une modique aisance. « On voudrait accréditer que ce n’est pas pour de l’argent qu’il a trahi. On habituera le public à ne voir en lui qu’un aliéné, un passionnel, un malade. Son forfait ne serait plus que l’acte d’un fou[2]. » La Croix insiste : « Sa femme a montré qu’elle avait quatre cent mille francs comptants le jour de l’arrestation. On ne s’occupe même pas d’affirmer que ce magot extraordinaire ne vient pas de Berlin[3]. » Cela est signé : « Le Moine. »
« Il n’est pas riche ; il est joueur[4]. » « Il dépensait beaucoup[5]. » « Il était connu comme un joueur effréné[6]. » On raconte ses habitudes de cercle, sa bravoure au baccara. C’est le rapport de Guénée à Henry qui a filtré. « Joueur effréné, bourreau d’argent[7]. »
L’or du crime se perd dans ces deux gouffres insondables : le jeu, les femmes. Une espionne italienne, de noble famille, admirablement belle, l’avait connu à Nice » C’est pour elle qu’il a trahi[8].
- ↑ Libre Parole du 1er novembre, du 8, etc. ; Intransigeant du 4 ; Écho de Paris du 7 ; Temps et Matin du 18, etc.
- ↑ Libre Parole du 4.
- ↑ Croix du 6. — Je cite textuellement ce jargon.
- ↑ Intransigeant du 4.
- ↑ Libre Parole du 2.
- ↑ Autorité du 2. Puis, tous les journaux, Temps et Matin du 18.
- ↑ Éclair du 4.
- ↑ XIXe Siècle, Temps, Matin du 5, etc.