Il savait, au surplus, « à quoi il s’exposait, en obéissant comme un laquais à Reinach[1] ». Si Mercier a fini par marcher, « c’est bien malgré lui, poussé par les révélations des journaux[2] ». Maintenant, il hésite : « Est-ce que les juifs seraient sacrés, même quand ils trahissent[3] ? » Drumont esquisse un parallèle entre Dreyfus et Turpin : « l’un, né pauvre, l’autre entré dans la vie par la porte dorée ; l’un s’épuisant en vains efforts pour franchir le seuil du ministère de la Guerre, l’autre installé d’emblée dans le premier bureau de l’État-Major » ; « sa place, chaude encore », Mercier, déjà, l’a promise à quelque nouveau fils de Judas, « cautionné et recommandé par Reinach[4] ».
Mercier, contre de telles vilenies, cherchera-t-il un appui près de ses collègues, à la Chambre ? Il s’est bien affaibli par ses propres fautes ; pourtant, qui hésiterait entre ces bandits et lui ? Il s’adressera à ses adversaires les plus déclarés, aux gentilshommes de la droite, fera appel à leur esprit de justice : le croient-ils capable de ces turpitudes ?
Ce danger n’échappe point à Drumont. Il y pare. Et toujours par le même moyen : la peur. D’avance, il dénonce la Chambre qui s’apprête « à applaudir le ministre de la Guerre, quand il viendra se vanter des mesures qu’il a prises pour sauver Dreyfus[5] ». Marat ne parlait pas autrement à l’Assemblée ; elle s’inclinait, dévorant sa honte ; et c’était la Convention !
Il menace surtout la droite. « Ils sont là, les Montfort, les La Ferronnays, les Lanjuinais, les Reille pour