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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

approuver, pour couvrir, de la considération qui s’attachait jadis à leurs noms, les infamies qui se commettent au ministère de la Guerre. Les uns agissant ainsi par une sorte de respect superstitieux pour l’uniforme, fût-il porté par Alfred Dreyfus ; les autres, comme Reille, parce qu’ils sont administrateurs d’innombrables sociétés et qu’ils tiennent à se mettre bien avec le ministère qui donne des commandes à l’industrie[1]. »

Et ne les a-t-on pas vu causer, à la Commission de l’armée, dans les couloirs, avec Reinach[2] ? Albert de Mun n’a-t-il pas invité les Rothschild au mariage de son fils ? N’a-t-il pas accepté un cadeau de noces, un peigne orné de diamants[3] ?

Un mot d’ordre est venu d’intimider tout le monde, de réveiller chez tous, aux plus basses régions de l’âme, l’horrible lâcheté humaine. Quiconque osera risquer un mot de simple bon sens est vendu aux juifs. Vendu, ce député, rallié ou droitier, qui se plaint « qu’on exploite la fibre patriotique[4] ». Vendu ce journaliste qui refuse de dire : Assomme ! « Laffon — c’est le caissier de Rothschild — longtemps assoupi, va redevenir le Laffon de Castiglione et faire tomber une pluie d’or[5]. »

Qui veut être accusé demain, journaliste ou député, d’avoir été corrompu ?

Forme nouvelle de la Terreur qui fauche les consciences au lieu des têtes, mais qui fera le même silence de mort.

  1. Libre Parole du 5 novembre.
  2. Libre Parole du 7.
  3. Libre Parole du 8, tout un article de Drumont intitulé : « Le Peigne. » Le numéro du journal a cette manchette en gros caractères : « Le traître Dreyfus et le député Joseph Reinach. »
  4. Libre Parole du 8.
  5. Libre Parole du 6.