puisque Dreyfus n’est pas accusé d’avoir eu des rapports avec l’Italie, ou qu’il l’est seulement par les journaux.
Mercier n’eut garde de tirer Hanotaux de son erreur. Il s’était heurté, dès le début de l’affaire, à l’opposition de son collègue. Il était inutile de lui confier que le procès mettrait en cause, non seulement l’Allemagne, mais l’Italie[1].
S’il avait entretenu Hanotaux de la dépêche de Panizzardi, il eût été amené à lui dire ou qu’il la tenait pour l’expression de la vérité, ou qu’il avait des raisons pour la croire mensongère. La première opinion le liait ; la seconde eût amené les protestations d’Hanotaux. À cette date précise (10-13 novembre), Mercier hésite encore. Du moins, la communication secrète aux juges n’est pas décidée encore dans son esprit.
La clairvoyance d’Hanotaux n’allait pas plus loin que la crainte des complications diplomatiques qui résulteraient du procès engagé ; son courage se bornait à faire part de cette peur à ses collègues.
III
Les difficultés commençaient déjà.
L’arrestation de Dreyfus, l’énorme bruit de la presse, ont ému, au dehors, tous les peuples et leurs gouvernements. Les États-Majors de la Triple Alliance s’étaient vite informés. Ni directement, ni indirectement (par des agents intermédiaires), aucun d’eux n’a jamais connu Dreyfus, Le bureau allemand des renseignements a fait
- ↑ Voir Appendice VII.