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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

6o Enfin la disparition ou destruction du compte rendu détaillé de Du Paty, disparition ou destruction qui se place au moment même où le ministère de la Guerre est informé que Scheurer-Kestner va commencer la campagne pour la revision du procès de Dreyfus. Henry alors avertit Esterhazy. Gonse mande Lebrun-Renault au ministère de la Guerre pour rédiger le récit des prétendus aveux. Du Paty écrit, de mémoire, sa note sur l’incident des attachés militaires[1]. Tous les documents de cette époque, préparés en vue de la lutte qui va s’ouvrir, sont sans valeur : ce sont de véritables faux.

XX

le commandant d’attel

Anthoine, dans sa première déclaration devant Gonse, le 22 janvier 1898, trois ans après la parade d’exécution, dit seulement « qu’il se rencontra avec D’Attel, à la sortie de la salle où Dreyfus était enfermé[2] ». Mais De Mitry, ayant insuffisamment accordé sa flûte avec celle d’Anthoine, déclare, le même jour, à Gonse qu’Anthoine lui avait raconté « que Dreyfus avait tenu, en présence du commandant d’Attel, après sa dégradation, des propos…, etc.[3] ».

Ainsi, De Mitry commence par placer les aveux, recueillis par D’Attel, après la dégradation, quand Anthoine les place avant. Or, la parade terminée, Dreyfus avait été jeté dans la voiture cellulaire, criant, ainsi qu’en dépose le colonel Guérin[4] : « Je ne suis pas indigne de rester parmi vous ! »

  1. Septembre-octobre 1897.
  2. Cass., II, 233, Anthoine.
  3. Cass., II, 134, De Mitry.
  4. Rennes, III, 89, colonel Guérin.