Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/156

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haut bord, d’un carbet scythe à la ville de Constantin. Courber un arc, y attacher une corde, y ajuster une flèche, sont des opérations aussi compliquées et aussi difficiles que celle de construire une phrase ; et cependant l’arc et la flèche sont partout ; partout où il y a des insulaires, il y a des barques ; partout où il y a des hommes et des forêts, il y a de la chasse et des armes, des armes qui atteignent de loin. Partout où il y a plusieurs hommes, il y a des mots. L’homme est né avec la faculté de parler ; qui la lui donne ? Celui qui donne son chant à l’oiseau.

Les mots inventés les premiers sont les simples dénominatifs ; les actifs suivent ; les affectifs succèdent ; ceux qui expriment de simples actes de l’esprit sont les derniers.

Il y a, dans les langues, quelque chose de fatidique et d’inspiré.

On peut considérer la langue de l’homme, dans le mécanisme de la parole, comme la