Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/240

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vieillesse, la mort, degrés divers d’une métamorphose qui n’a sans doute ici-bas que ses commencements ? Lorsque la mort s’approche, la pensée se joue encore du cerveau, comme une vapeur légère prête à se dissoudre. Elle ne s’y fait plus qu’en tournoyant, semblable à la bulle de savon qui va se résoudre en goutte d’eau.

La poésie à laquelle Socrate disait que les dieux l’avaient averti de s’appliquer, avant de mourir, c’est la poésie de Platon, et non pas celle d’Homère, la poésie immatérielle et céleste, dont l’âme est ravie, et qui tient les sens assoupis. Elle doit être cultivée dans la captivité, dans les infirmités, dans la vieillesse.

C’est celle-là qui est les délices des mourants.

Quand on a trouvé ce qu’on cherchait, on n’a pas le temps de le dire : il faut mourir !

TITRE VIII