Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/274

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soit chez vous une vertu. Que la colère vous rende modéré, l’avarice généreux, et la débauche tempérant.

La morale est la connaissance des règles auxquelles il nous importe de conformer non-seulement nos actions, mais encore nos affections.

Celles-ci sont une portion si importante de notre manière d’être, que je m’étonne qu’aucun philosophe ne les ait comprises encore dans la définition de l’objet essentiel de la morale. Nos affections, en effet, sont à nos actions ce que les idées sont aux mots. Le point essentiel, en morale comme en logique, est que les premières soient bonnes.

Il faut du ciel à la morale, comme de l’air à un tableau.

J-J Rousseau, dans sa manière d’envisager la morale, aurait pu la définir : « l’art « d’augmenter les passions avec utilité », et il y aurait eu là deux erreurs capitales : premièrement, quant à l’utilité ; car il ne peut y en