Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/281

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a pas de règle et de loi, mais il n’y a pas même de plaisir. Les jeux des enfants eux-mêmes ont des lois, et n’existeraient pas sans elles ; ces règles sont toujours gênantes, et cependant, plus on les observe strictement, plus on s’amuse.

Il y a, dans la règle, un repos qui attache, à toute autorité qui établit l’ordre, la reconnaissance de ceux qu’elle y soumet. L’homme aime naturellement son guide, celui qui l’instruit, lui commande et le dresse.

Gardons-nous bien de faire une proposition de ce qui est un précepte, une règle, un commandement.

Dans les temps où l’on n’a pas de règles, les gens de bien mêmes valent moins. La vie alors est un pont sans parapets, d’où les emportés se précipitent dans le vice, quand ils le veulent, et les gens ivres, sans le vouloir. On est, dans les bons temps, meilleur que soi-même, et pire dans les temps mauvais.