Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/283

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Si les sensations sont la règle des jugements, un coup de vent, un nuage, une vapeur changent la règle.

Notre nature se compose de sa faiblesse et de ses forces, de son étendue et de ses limites.

Il nous faut des doctrines convenables à notre faiblesse, sinon nous ne pouvons les supporter, les retenir, les conserver ; convenables à notre force, sinon nous ne pouvons les admettre ou nous en contenter.

Le devoir ! à l’égard de nous-mêmes, c’est l’indépendance des sens, et, à l’égard d’autrui, c’est l’assiduité à l’aide, au support ; aide au bien-être, au bien-faire, au bien-vouloir, au bien-souhaiter ; aide par le concours et la résistance, par le don et par le refus, par la rigueur et la condescendance, par la louange et par le blâme, par le silence et les paroles, par la peine et par le plaisir. Habitants de la même terre, voyageurs du même moment et compagnons de la même route, nous devons