Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/284

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tous nous entr’aider, et, lorsque nous arriverons au gîte, il faudra d’abord rendre compte de ce que nous aurons fait les uns pour le bonheur des autres, pour le bonheur ou la vertu. Un souris nous sera payé.

Nous avons beau faire, nous n’aurons jamais en propre que la pénétration dont le ciel nous a doués. Tout le reste n’est qu’une apparence trompeuse, un mensonge qui cache notre nullité. Mais par le cœur et par les actions, nous pouvons devenir tous les jours meilleurs.

Comme instruments, nous avons une destination ; comme créatures morales, nous avons une liberté.

La vie et la mort, par lesquelles nous entrons dans le monde ou nous en sortons ; les richesses et la pauvreté, qui nous y assignent une place ; la gloire et la honte, l’élévation ou l’abaissement, qui nous y font jouer un rôle, tiennent au train général des affaires humaines, et font partie de notre destinée. Dieu s’en est réservé la répartition ; il en distribue, à son gré, une mesure à chaque