Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/316

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Malheur à qui se trompe tard ! Il ne se détrompera pas.

« douter », dit M De Servan, " c’est sortir « d’une erreur. » il aurait dû ajouter que c’était aussi souvent sortir d’une vérité.

Quand l’esprit est rentré dans une vérité dont il était sorti, il ne la quitte plus.

Il y a des choses que l’homme ne peut connaître que vaguement : les grands esprits se contentent d’en avoir des notions vagues ; mais cela ne suffit point aux esprits vulgaires. Accablés d’ignorances par la nature et la nécessité, ils ne veulent, dans leur dépit puéril, en supporter aucune. Il faut, pour leur repos, qu’ils se forgent ou qu’on leur offre des idées fixes et déterminées sur les objets même où toute précision est erreur. Ces esprits communs n’ont point d’ailes ; ils ne peuvent se soutenir dans rien de ce qui n’est que de l’espace ;