Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/326

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le vrai et la vérité, l’idéal et l’abstrait,

est mauvais métaphysicien.

La véritable métaphysique ne consiste pas à rendre abstrait ce qui est sensible, mais à rendre sensible ce qui est abstrait, apparent ce qui est caché, imaginable, s’il se peut, ce qui n’est qu’intelligible, intelligible enfin ce qui se dérobe à l’attention.

Où le spiritualiste emploie les mots de dieu, création, volonté, lois divines, le raisonneur matérialiste est perpétuellement obligé de se servir d’expressions abstraites, telles que la nature, l’existence, les effets. il ne nourrit son esprit que de spectres sans traits, sans couleur, sans beauté.

Défiez-vous, dans les livres métaphysiques, des mots qui n’ont pas pu être introduits dans le monde, et ne sont propres qu’à former une langue à part.

L’incertitude des idées rend le cœur irrésolu.