Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/398

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qu’ambitionnait Améric Vespuce, et qui l’honorait à ses yeux. Il trouvait beau de se gouverner, sur la mer et dans des pays inconnus, par les règles de l’astronomie, science alors peu répandue et peu avancée. Il avait de l’élévation dans l’esprit et de la hardiesse dans le caractère ; mais aucun grand principe de morale ne le dirigea jamais. Dans ses relations, il veut toujours paraître imbu des bonnes lettres ; mais il écrit plutôt en homme à qui sa mémoire rappelle de belles descriptions, qu’en voyageur à qui son imagination représente de beaux objets.

Anson voyagea avec faste, suivi pompeusement d’une nombreuse escorte. Byron se promena sur la mer, en homme qui voulait la connaître, parce qu’il devait s’y battre ; Carteret, en marin qui aime son métier ; Wallis, en gentilhomme qui veut étudier les coutumes et les lieux ; M De Bougainville, en militaire français qui prépare une relation piquante ; Cook, en navigateur qui veut acquérir un grand nom et laisser une longue mémoire chez les nations polies et chez les sauvages.