Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/399

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Frédéric Ii. Ce roi sans femmes, ne sera jamais mon héros. Sa fameuse tactique a déjà démenti toute l’estime qu’on en faisait, lorsqu’elle a voulu, dans ces derniers temps, se mesurer avec notre impétuosité française. Ces prussiens si vantés étaient toujours battus avant d’avoir achevé de se mettre en garde, en déroulant leurs longues évolutions. Si ses institutions militaires ont déjà peu réussi, que sera-ce de sa morale, ou, pour mieux dire, de ses influences de toute espèce, qui ont porté dans les esprits prussiens tant d’indifférence pour tout ce qui est grave et sérieux, hors du travail et de la guerre ? Il rendit son pays plus riche, plus belliqueux ; il ne le rendit pas meilleur.

La politesse dans les manières, et la barbarie dans les mœurs ; la faiblesse par l’ignorance, et la présomption par les succès ; l’imperfection par nature, et l’excellence par emprunt ; des vices qui ont mille ans et seront éternels, parce qu’ils sont de race, d’habitude et de climat ; des vertus qui n’ont qu’un jour