Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/416

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Il faut lire les anciens lentement : on a besoin de beaucoup de patience, c’est-à-dire de beaucoup d’attention, pour avoir beaucoup de plaisir, quand on parcourt les beaux ouvrages.

L’antiquité ! J’en aime mieux les ruines que les reconstructions.

Les anciens avaient remarqué de la prolixité dans Euripide, et des inégalités dans Sophocle ; mais ils ne s’étaient pas permis de le leur reprocher, regardant, en quelque sorte, les fautes des grands écrivains comme un accident plutôt que comme un défaut. Leurs livres sont de beaux volumes où il n’y a que des taches d’eau.

« ce n’est pas l’auteur qui a fait la faute, c’est le temps », disait Aristarque, en parlant de ces beautés des vieux écrits auxquelles les générations postérieures ne peuvent plus