Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/417

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être sensibles ; prétendant ainsi, et avec raison, que les mets et leurs saveurs n’avaient pas changé, mais les goûts.

Les anciens se laissaient plus éprendre que déprendre. Jamais leur esprit ne regimbait contre son plaisir, et ne contestait ce qui était ingénieux. Il semble que, chez eux, les lettres qu’ils appelaient humaines étaient en effet plus humaines que parmi nous. Leur critique était plus indulgente, plus douce, plus favorable que la nôtre ; elle était plus disposée à approuver. Ils admettaient trois genres : le sublime, le simple et le tempéré. » tous ceux », dit Cicéron, " qui se sont distingués chez les grecs, dans quelqu’un de ces genres, ont acquis un grand nom. » ces hommes, qui faisaient de si grandes choses avec la parole, et pour qui l’art de parler était une si grande puissance, n’accordaient peu d’estime à aucun ouvrage où la parole était employée avec habileté. Ils admiraient l’art avant tout, et tout ouvrage dont ils pouvaient dire : l’art y surpasse la matière, était à leurs yeux un chef-d’œuvre ; ils ne le mettaient au-dessous de rien, et le plaçaient à côté de tout. Et,