Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/430

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et au delà ; et, comme de vrais écoliers, nous avons tout brisé chez nous, pour montrer que nous étions les maîtres.

Nous ressemblons un peu à des gens qui, lorsqu’on met le feu à la maison, s’occupent à admirer la torche et la bonne mine de l’incendiaire, et bornent là leur prudence.

Il est dans le monde beaucoup de gens qui ont de mauvaises opinions, et qui sont faits pour en avoir de bonnes ; et d’autres qui ont de bonnes opinions, et qui sont faits pour en avoir de mauvaises.

Le pathétique outré est pour les hommes une source funeste d’endurcissement. Les tableaux trop énergiques de l’humanité souffrante rendent les cœurs inhumains, et la haine du mal même, quand elle est trop forte, peut rendre les hommes méchants. Ainsi, de la haine du mal qu’inspiraient les livres du dernier siècle, en n’offrant à notre attention que les malheurs attachés à quelques abus,