Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/431

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vinrent les événements monstrueux dont nous avons été témoins, et les plus grandes inhumanités qui aient souillé l’histoire des hommes.

Un excès en amène un autre. à cette opinion : tout accusé est innocent, succéda bientôt celle-ci : tout accusateur est vertueux.

Quand on a accoutumé les esprits à des idées de crime, on y accoutume bientôt les mœurs.

On craint aujourd’hui l’austérité de mœurs et d’opinions dans le prince, plus qu’on n’y craindrait la rapacité, la cruauté, la tyrannie.

Nous sommes, en politique, presque tous remplis d’un feu qui ne fait que nous agiter, et d’une lumière qui ne fait que nous éblouir.

pouvoir législatif, exécutif, etc., ce ne sont là que des chiffres. On a porté dans la politique, et jusque dans la morale, les procédés et presque le langage de l’algèbre ; on se sert de mots abstraits au lieu de lettres ; on les