Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/437

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en nous les mœurs, les opinions, les usages et les manières.

Dieu a laissé engendrer les sciences physiques aux temps ; mais il s’est réservé les autres : lui-même a créé la morale, la poésie, etc.

Les premiers germes, récemment produits par ses mains, furent déposés par lui dans les âmes et dans les écrits des premiers hommes.

Delà vient que l’antiquité, plus voisine de toutes les créations, doit nous servir de modèle dans ces choses dont elle avait reçu et nous a transmis les principes plus purs. Il faut, pour ne pas nous égarer, mettre les pieds dans les traces des siens, insistere vestigiis.

une voix trompeuse a perdu le monde et les arts, en nous criant : invente, et tu vivras. ce qui était ancien n’a plus suffi au genre humain ; il a voulu des nouveautés, et s’est forgé des monstres qu’il s’obstine à réaliser.

En littérature, rien ne rend les esprits si imprudents et si hardis, que l’ignorance