des temps passés et le mépris des anciens livres.
On demande sans cesse de nouveaux livres, et il y a, dans ceux que nous avons depuis longtemps, des trésors inestimables de science et d’agréments qui nous sont inconnus, parce que nous négligeons d’y prendre garde. C’est le grand inconvénient des livres nouveaux : ils nous empêchent de lire les anciens.
On n’aime dans ce siècle, en littérature, ni le simple bon sens, ni l’esprit tout seul, ni le raisonnement soutenu. On veut plus que du bon sens ; on n’aime que l’esprit colossal, et, quant au raisonnement, il a trompé tout le monde ; on s’en souvient, et l’on s’en défie.
Les anciens étaient éloquents parce qu’ils parlaient à des peuples ignorants et avides de savoir. Mais qu’espérer de persuader et d’apprendre à des hommes qui croient tout connaître ? C’est à des critiques armés que nous parlons, plutôt qu’à des auditeurs bénévoles.