Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/446

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que les livres nous rendent, non pas meilleurs, mais plus contents ; que ceux qui les ont faits excitent en nous une sorte de goût sensible ; qu’ils aient, enfin, de la chair et du sang. Nous ne saurions plus admirer de purs esprits. Cependant, la lumière est le bien des yeux ; et, comme nous sommes sensibles, si quelque intelligence céleste venait à nous inonder tout à coup de ses rayons, peut-être nous trouverions des délices inconnues dans le jour plus éclatant qu’elle ferait luire devant nous.

Un des maux de notre littérature, c’est que nos savants ont peu d’esprit, et que nos hommes d’esprit ne sont pas savants.

Des esprits rudes, et pourvus de robustes organes, sont entrés tout à coup dans la littérature, et ce sont eux qui en pèsent les fleurs.

La multitude des paroles qui remplit nos livres, annonce notre ignorance et les