Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/458

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nature, que, sans qu’ils la distinguent nettement, tout ce qui en participe les charme.

Le sublime de tous les genres, celui des mots, celui des sentiments, leur cause toujours du plaisir ; tous lui paient le tribut d’une admiration aveugle. Vous ne sauriez donc satisfaire à tous leurs besoins, en cherchant à les amuser par un éternel badinage. Leur esprit veut s’en reposer ; et, quand vous leur présentez comme plaisant ce qui par sa nature est sérieux ; quand vous leur faites pratiquer, en se jouant et comme un divertissement, ce qui doit être pratiqué posément et comme un sacrifice, ils sentent, malgré eux et malgré vous, dans leur conduite, le malaise secret et le mécontentement involontaire d’une fausse position.

Ne montrez aux enfants rien que de simple, de peur de leur gâter le goût, et rien que d’innocent, de peur de leur gâter le cœur.

éloignez d’eux cette morale qui ressemble à une eau qui n’a pas de source, et ne leur faites boire que des eaux vives.

Le mot sage dit à un enfant, est un mot