Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/47

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amie : c’était sa musc. « Confidente de mes pensées et de « mes erreurs, » s’écriait-il quand il l’eut perdue, « de « mes travaux et de mes écarts, de mes témérités anciennes et de ma sagesse tardive, à qui les dire désormais ? Vous étiez pour moi le public. »

Autour d’elle, il est vrai, s’était formé, dès son retour ii Paris, un des petits cercles où s’assemblaient, vers la fin du siècle dernier, les débris échappés à la tourmente révolutionnaire. Cette réunion, peu nombreuse, se distinguait par une simplicité charmante On se réunissait chaque soir dans le salon de madame de Beaumont, sans autre dessein que celui de se voir, de causer, de se féliciter de vivre encore. Chacun y apportait le désir d’écouter plus que de se faire entendre, d’approuver plus que d’être applaudi. On n’avait là, en faveur ou a l’cncoatre de personne, de ces partis pris qui font dégénérer les intimités en coteries. Il s’y dépensait beaucoup d’esprit, sans doute, car aucun des interlocuteurs n’avait aux mains la menue monnaie qui fait les frais de tant de conversations vulgaires ; mais on le dépensait sans prétentions, sans exigence, comme les princes répandent de l’or. « Paisible société, » disait plus tard M. Joubert, « où « n’avait accès aucune des prétentions qui peuvent désunir les hommes ; où la bonhomie s’unissait à la célébrité ; où, sans y penser, on se faisait une occupation « assidue de louer tout ce qui est louable, où l’on ne « songeait qu’à ce qui est beau ; paisible société dont « les débris ne se réuniront jamais que pour s’entretenir « entre eux de celle qui en était le nœud et qui les avait « rassemblés. » Je voudrais nommer tous les membres de rcttc réunion