Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/66

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ris ct la province, entre les méditations de la solitude et les délices de l’amitié, quand la création de l’Université vint, en 1809, imposer à M. Joubert des devoirs inattendus. On sait comment l’empereur, habile, ainsi que tous les hommes puissants, à s’assimiler ce qui se rencontrait de puissant autour de lui, avait appelé M. de Fontanes à la tête de l’instruction publique. Modéré par principes et par position, car il était classique et gentilhomme, M. de Fontanes n’entendait pas faire à cette situation nouvelle le sacrifice de ses opinions et de ses amitiés. Le vulgaire ne comprend pas toujours la part que prennent les hommes éminents aux vicissitudes de leur pays. Il est prompt à attribuer leurs démarches à je ne sais quels calculs d’ambition ou de cupidité qui flétrissent les meilleures actions et outragent les intentions les plus pures. Pour moi, je ne m’en cache point, j’ai plus de foi dans la dignité humaine, plus de respect pour les hautes intelligences. Il me semble que dans les temps d’agitation politique, alors que les destinées sociales sont livrées aux hasards de la discussion des partis, les esprits élevés se dérobent avec peine au mouvement imprimé à tous les esprits. Ils se passionnent aisément pour la justice et la vérité, telles qu’elles leur apparaissent du moins : ils combattent pour elles ; ils en font leur symbole, leur opinion, et quand, par leurs efforts, le jour de la victoire arrive, c’est cette opinion triomphante qui les emporte avec elle au sommet. Tel était, je le crois, le secret de la fortune de M. de Fontanes. Aussi prétendait-il, en se laissant aller à l’élévation qui lui était offerte, ne point se séparer de ses amis, et, après avoir inscrit sur la liste des futurs collaborateurs du prand-mnHre les noms si