Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/87

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paraissait la meilleure, parmi de nombreuses copies de ces parcelles, ai rapproché en faisceaux les rayons jusque-là demeurés épars.

Sa correspondance était le travail le plus suivi qui lui eût survécu, en même temps que le reflet le plus fidèle do sa personnalité. Les pensées auront sans doute un grand prix, aux yeux des hommes qui attachent quelque valeur à la nouveauté des aperçus, à la fiuesse des expressions, à l’éclat des images. Elles offriront aux esprits délicats une abondante et délicieuse pâture ; mais les lettres de M. Joubert montrent de plus près encore l’aménité de son âme, son dévouement à l’amitié, sa philophie sereine et naïve. Je ne sais quelles exhalaisons embaumées de douceur et de paix semblent s’échapper de leurs pages. Il y a là bien plus que le souvenir et le culto de l’antiquité ; j’ai cru y retrouver l’antiquité elle-mèmc, se reproduisant, par un caprice du hasard, sous un< ; plume contemporaine, et j’en ai recherché les debris avec l’empressement curieux qu’on mettrait à découvrir quelques épîtres égarées de Pline ou de Cicérou. Mou insistance a pu même, j’ai lieu de le craindre, paraître incommode à quelques-uns de ses amis. Qu’ils reçoivent ici ou mes remerclments, ou mes excuses. J’obéissais, en les fatiguant de ma prière, à un besoin impérieux, celui de montrer sous un aspect de plus cette nature d’élite jetée sur la terre comme un modèle, et qui demeurera désormais un des plus rares ornements du siècle où elle a paru.

Maintenant ma tâche est accomplie. J’y ai consacré, pendant trois années, tous les intervalles de loisir que me laissaient des fonctions laborieuses, car j’avais à com