Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/100

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L’esprit dominant la matière, la raison domptant les passions et le goût maîtrisant la verve, sont les caractères du beau.

La sagesse est le commencement du beau.

Il faut avant tout, pour qu’une personne, une chose, une production soient belles, que l’espèce ou le genre en soit beau. Sans cette condition, il n’y aura point là de beauté intérieure et qui puisse toucher l’âme ; car rien n’est touchant, rien n’est pénétrant que ce qui vient de Dieu, de l’âme et du dedans.

La facilité pour le beau est le bonheur et non le partage commun des grands génies. Ce n’est qu’une habitude de simples et belles tournures à laquelle l’esprit s’est trouvé propre de bonne heure, et qui dépend des siècles où l’on a vécu, des premiers maîtres, des premières affections, de la fortune, de l’éducation, bien plus que de la nature ; car, à génie égal, l’un