Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/115

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écrits, doivent nous être très-familiers, afin qu’on sente dans leur expression la facilité et le charme de l’habitude.

Il y a pour le connaisseur des pensées remarquables partout, même dans la conversation des sots et dans les écrits les plus médiocres.

Ces pensées sont en circulation comme les pièces d’or dont tout le monde fait usage et dont presque personne ne remarque l’éclat, la valeur intrinsèque et la beauté. On peut cependant en faire des joyaux ; mais l’art est de savoir les mettre en œuvre.

Les pensées qui nous viennent valent mieux que celles que nous trouvons. Elles naissent sous nos pas, pendant le chemin de la vie, comme ces sources qu’en pressant la terre le pied fait jaillir, sans qu’on y songe.

On devrait ne croire ce qu’on sent qu’après un long repos de l’âme, et s’exprimer, non pas comme on sent, mais comme on se souvient.