Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/119

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eu plus d’une idée gigantesque ; l’excès réduit à la juste mesure donne la grandeur dans ses proportions.

L’ordre littéraire et poétique tient à la succession naturelle et libre des mouvements.

Le beau désordre dont parle Boileau, est un désordre apparent et un ordre réel. L’esprit est conduit au but, après l’avoir désiré, et y parvient par un labyrinthe délicieux.

Il y a, dans le lucidus ordo d’Horace, quelque chose de sidéral. Notre sèche méthode est plutôt un ordo ligneus vel ferreus ; tout s’y tient par des crampons, ou s’y enchâsse par des mortaises.

Je ne vois dans la plupart des livres que leur matière amoncelée, une distribution grossière et presque de hasard, aucun jeu d’architecture, et quelques constructions seulement qu’il a fallu au maçon pour distinguer ses matériaux.