Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/13

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est inutile dans les arts, si le beau suprême ne s’y trouve pas.

Le vrai commun, ou purement réel, ne peut être l’objet des arts. L’illusion sur un fond vrai, voilà le secret des beaux-arts.

Il y a dans l’art beaucoup de beautés qui ne deviennent naturelles qu’à force d’art.

Il faut bannir des arts tout ce qui est rigoureusement appréciable, et pourrait être aisément contrefait ; on ne veut pas y voir trop clairement d’où viennent les impressions. La naïade y doit cacher son urne ; le Nil y doit cacher ses sources.

Un ouvrage de l’art doit être un être, et non une chose arbitraire. Il doit avoir ses proportions, son caractère et sa nature ; un commencement, un milieu, des accessoires et une fin. Il faut qu’on y distingue un tronc, des membres, une statue, une personnalité enfin.