Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/14

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Dans une œuvre de l’art, quelle qu’elle soit, la symétrie apparente ou cachée est le fondement visible ou secret du plaisir que nous éprouvons. Tout ce qui est composé a besoin de quelque répétition dans ses parties, pour être bien compris, bien retenu par la mémoire, et pour nous paraître un tout. Dans toute symétrie, il y a un milieu ; or, tout milieu est le nœud d’une répétition, c’est-à-dire, de deux extrémités semblables.

Les belles lignes sont le fondement de toute beauté. Il est des arts où il faut qu’elles soient visibles, comme l’architecture, qui se contente de les parer. Il en est d’autres, comme la statuaire, où l’on doit les déguiser avec soin. Dans la peinture, elles sont toujours suffisamment voilées par les couleurs. La nature les cache, les enfonce et les recouvre dans les êtres vivants. Ceux-ci, pour être beaux, doivent peu montrer leurs lignes, car le squelette est dans les lignes, et la vie dans les contours.