Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/156

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nombre ; enfin telle simplicité si achevée et si parfaite, qu’elle égale, en mérite et en excellence, une grande et glorieuse composition.

être aigle ou fourmi, dans le monde intellectuel, me paraît à peu près égal ; l’essentiel est d’y avoir une place marquée, un rang assigné, et d’y appartenir distinctement à une espèce régulière et innocente. Un petit talent, s’il se tient dans ses bornes et remplit bien sa tâche, peut atteindre le but comme un plus grand. Il n’y a que les livres sacrés qui obtiennent un empire étendu et durable. Tous les autres ne font qu’occuper plus ou moins sérieusement les moments perdus de quelques désœuvrés. Habituer les hommes à des plaisirs qui ne viennent ni de la chair, ni de l’argent, en leur faisant goûter les choses de l’esprit, me paraît en effet le seul fruit que leur nature ait attaché à nos productions littéraires.

Quand elles ont d’autres effets, c’est par hasard et c’est tant pis. Celles qui s’emparent de notre attention au point de nous dégoûter des autres livres sont véritablement pernicieuses.

Elles n’introduisent dans la société