Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/157

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que des singularités et des sectes ; elles y jettent une plus grande variété de poids, de règles et de mesures ; elles y troublent la morale et la politique.

Le sage ne compose point. Entre ses idées, il en admet peu ; il choisit les plus importantes, les livre telles qu’elles sont, et ne perd point son temps aux déductions. Triptolême, quand il donna le blé aux hommes, se contenta de le semer ; il laissa à d’autres le soin de le moudre, de le bluter et de le pétrir.

Ce qui est exquis vaut mieux que ce qui est ample. Les marchands révèrent les gros livres ; mais les lecteurs aiment les petits : ils sont plus durables et vont plus loin. Virgile et Horace n’ont qu’un volume. Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide et Térence n’en ont pas davantage. Ménandre, qui nous charme, est réduit à quelques feuillets. Sans Télémaque, qui connaîtrait Fénelon ? Qui connaîtrait Bossuet, sans ses oraisons funèbres et son discours sur l’histoire universelle ? Pascal, La Bruyère, Vauvenargues et La