Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/18

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monde, mais le monde, les mœurs, les hommes et la société, comme des choses qui sont faites pour l’art. Subordonnant tout, même la morale, à la statuaire, ils regrettent la nudité, la gymnastique, les athlètes, par dévouement aux sculpteurs. C’est qu’ils aiment les arts plus que les mœurs, et les statues plus que leurs propres enfants.

Il y a dans l’Apollon quelque chose de semblable à l’attitude d’un orateur qui vient de décocher une ironie.

Pigalle et l’art antique.

Pigalle avait reçu de la nature un œil savant, qui, dans chaque trait, découvrait mille traits, et, dans chaque partie, une infinité de parties. Il aimait à peindre ce qu’il savait voir.

Aucun artiste n’avait représenté avant lui cette multitude de détails que l’art aime à considérer nus, parce qu’il peut avoir besoin de les reproduire, mais que le bon goût se plaît à couvrir de voiles. Jamais il ne pouvait exprimer assez à son gré tous les reliefs du corps humain, comme les anciens ne pouvaient jamais