Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/198

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Il est impossible que Voltaire contente, et impossible qu’il ne plaise pas.

Voltaire a, comme le singe, les mouvements charmants et les traits hideux. On voit toujours en lui, au bout d’une habile main, un laid visage.

Cette autorité oratoire dont parlent les anciens, on la trouve dans Bossuet plus que dans tous les autres ; et, après lui, dans Pascal, dans La Bruyère, dans J-J Rousseau même ; mais jamais dans Voltaire.

Voltaire eut l’art du style familier. Il lui donna toutes les formes, tout l’agrément, toute la beauté même dont il est susceptible ; et parce qu’il y fit entrer tous les genres, son siècle abusé crut qu’il avait excellé dans tous.

Ceux qui le louent de son goût, confondent perpétuellement le goût et l’agrément : on ne le goûte point, mais on l’admire. Il égaie, il