Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/206

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que d’ingénieuses lubies. Il avait des idées fausses sur le but et les beautés de l’art ; mais il les a bien exprimées.

Condorcet, il est vrai, ne dit que des choses communes ; mais il a l’air de ne les dire qu’après y avoir bien pensé, et c’est là ce qui le distingue.

Il y a, dans les écrits de Cerutti, plus de vibrations que d’émotions ; on y sent le nerf plutôt que le cœur. Son élocution renferme plus de figures que d’images, et plus de feu que de chaleur. Ses pensées ont plus de lumière que d’éclat, et presque toutes ses opinions viennent plutôt d’éblouissement que de clarté. Il y a enfin, dans la marche de son esprit, plus de mouvement que de progrès. En tout, cet écrivain a peu de ce qui se communique ; car on n’aime et on ne reçoit avec plaisir la vibration que par l’émotion, la figure que par l’image, le feu que par la chaleur, et le mouvement littéraire que par le progrès.

Rivarol caresse les surfaces de la vérité ;