Page:Joubert - Pensées 1850 t2.djvu/284

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mademoiselle; si vous ne voulez pas qu’on vous dise mademoiselle , prenez le nom de Saint-Hérem. Au couvent que vous aimiez tant, on vous appelait Saint-Hérem. Madame de Saint-Hérem vous siéra fort bien. Une madame de Saint-Hérem est une Montmorin voilée. Madame de Sévigné qui, comme vous savez , m’est toutes choses. parle d’ailleurs des Saint-Hérem.» Enfin, ou cachez votre nom , ou ne cachez pas votre filiation, a laquelle je tiens beaucoup. En attendant que vous vous soyez murement, décidée sur cet article, qui est pour moi plus sérieux que vous ne pensez peut-être, nous userons de la suscription ordinaire , avec une extreme impatience de pouvoir en employer une nouvelle , a juste titre et a bon droit.

Je ne vous parlerai pas aujourd‘hui de Victor, ni même de Bonaparte, qui est un inter—roi admirable. Cet homme n’est point parvenu; il est arrivé à sa place. Je l’aime.

Sans lui , on ne pourrait plus sentir aucun enthousiasme pour quelque chose de vivant et de puissant. Ce jeu de la réalité , place en son vrai point de vue, et que vous nommez illusion, quand elle nous plaît et nous charme, ne s’opérerait dans notre ame, sans cet homme extraordinaire, en faveur de rien d’agissant. Je lui soubaite perpétuellement toutes les vertus, toutes les ressources, toutes les lumieres, toutes les perfections qui lui manquent peut-être, ou qu’il n’a pas eu le temps d’avoir. Il a fait renaître, non-seulement en sa faveur, mais en faveur de tous les autres grands hommes, pour lesquels il le ressent aussi, l'entbousiasme qui était perdu, oisif, éteint, anéanti. Ses aventures ont fait taire l’esprit et réveillé l’imagination. L’admiration a reparu et réjoui une terre attristée, ou ne brillait aucun mérite qui imposat a tous les autres. Qu’il conserve tous ses succes; qu’il en soit de